Lettre relatif au discours du Président sur l'appel à une "société de vigilence"
Ces dernières heures s’est installé, dans notre pays, un climat particulièrement délétère et cette situation doit nous pousser à l’action. L’Histoire, et vous le savez parfaitement, est malheureusement pleine d’exemples où l’infamie prit le pas sur la raison, en livrant une minorité à la vindicte populaire pour des raisons sécuritaires.
Je sais que notre Nation traverse des moments difficiles, et ces épreuves qui affectent l’ensemble du peuple de France doivent nous pousser à le rassembler plutôt qu’à le diviser.
Criminaliser toute une pratique religieuse pour des raisons sécuritaires est un signe de mauvaise santé pour notre démocratie.
Voilà pourquoi, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tout un pan de la communauté nationale ne soit pas à nouveau jeté en pâture, comme ce fut le cas dans les années 1570, 1680 et 1940.
Notre État ne doit pas devenir un État d’exclusion où le seul fait de porter une barbe, de se convertir à la religion musulmane, de porter le foulard ou de fréquenter une mosquée, puisse être signalé, consigné et considéré comme un danger potentiel.
Depuis l’attaque meurtrière perpétrée contre nos forces de l’ordre, qui a coûté la vie à quatre de nos policiers, nous assistons à des discours revanchards qui ne peuvent que nous conduire à un futur funeste que nous pouvons tous entrevoir.
La lutte contre le terrorisme ne doit jamais devenir la lutte contre les Musulmans. La deuxième religion des Français ne doit pas être assimilée à la barbarie de mouvements terroristes, qui relèvent plus du nihilisme.
Nous en appelons solennellement, Monsieur le président, à la protection de notre cohésion nationale, en rappelant que ceux qui s’attaquent aujourd’hui à la France s’attaquent d’abord à tous les Français, et cela, quels que soient leurs origines ou le signe distinctif de leurs croyances.
Combien de citoyens de confession musulmane sont tombés depuis les attentats sanglants qui ont endeuillé la France en 2015 ? Devenons-nous exhumer nos morts, les exposer au reste de la communauté nationale, pour que notre douleur soit enfin écoutée et comprise ?
Nous sommes tous victimes du terrorisme !
Alors arrêtons de faire le jeu de nos véritables ennemis et travaillons urgemment à construire des passerelles pour réunir les Français.
Pour l’Union des Démocrates Musulmans Français que je représente, tel a toujours été notre objectif. Nous œuvrons, depuis 7 ans, à contrer TOUS les extrêmes qui sévissent dans notre pays.
Voilà pourquoi, nous nous tenons à votre entière disposition pour la préservation de cette France, de son unité et de sa fraternité, car c’est cette France que nous aimons, et non celle des forces ténébreuses des Guisards et des Liguards qui l’ont toujours menée à la ruine.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
Nagib Azergui, Président de l’Union des Démocrates Musulmans Français