Notre Parti n'est pas un parti confessionnel réservé aux Musulmans de France. Dire cela serait un contre sens par rapport à la Démocratie et à la République. Nous œuvrons pour l'intérêt de toutes et de tous les citoyens français sans distinction de croyances ou d'idéologies. Nous désirons proposer une nouvelle vision, une nouvelle chance pour notre pays avec, comme atout, nos valeurs et notre éthique.
L'Union des Démocrates Musulmans Français a été fondée pour permettre aux Français, et notamment à ceux de confession musulmane d'apporter une alternative dans la société française, que ce soit dans les domaines économique, social ou politique. Nous ne sommes actuellement pas présents sur le terrain politique et c'est une lacune.
Tenez, par exemple, pour changer la vision et la stigmatisation que connait une catégorie de Français aujourd'hui, nous devons également intervenir pour contrer ces dérives véhiculés par certains de nos politiques. On se souvient tous des propos à l'encontre des Musulmans formulés par une partie de nos élus lors du débat sur l'identité nationale organisé en 2009 par le gouvernement Fillon. Il est également difficile d'oublier les nombreux préjugés et clichés formulés sur la civilisation islamique, il n'y a pas d'ailleurs si longtemps, par Claude Guéant alors ministre de l'intérieur.
L'Islam semble être devenu aujourd'hui un thème de campagne de taille et nous ne pouvons plus rester silencieux plus longtemps.
Ce serait en effet une incohérence si l'Islam était incompatible avec la notion de laïcité et de démocratie. Au sein des Démocrates Musulmans Français, nous séparons le religieux de la philosophie et de la morale qui émane de cette foi tout comme le font déjà très bien les partis traditionnels chrétiens qui prospèrent depuis longtemps en France.
C'est le cas du PDC, le Parti Démocrate-Chrétien de Christine Boutin, ancienne ministre du logement sous le gouvernement Fillon 1. C'est aussi le cas du Parti Républicain Chrétien, le PRC de Patrick Giovannoni et des autres fédérations chrétiennes.
La laïcité, contrairement au dévoiement qui en est fait aujourd'hui, n'est pas l'opposé de la foi. C'est la croyance, sincère et fraternelle, en une société meilleure, plus humaine et ouverte à l'Autre.
C'est un modèle louable que nous voulons défendre et que nous voulons faire respecter. C'est l'application de l'Article 1 de la constitution qui stipule que : "La France est une République indivisible, laïque, qui respecte toutes les croyances et toutes les religions."
Ce qui nous unit tout d'abord, c'est le devoir de servir l'Homme en dehors de toutes ambitions purement matérialistes. Et en ce sens, la politique est un devoir sacré et spirituel. En revanche nous ne partageons pas la même vision sur la France et sur les citoyens. Les partis traditionnels chrétiens font campagne sur l'héritage chrétien en montrant les Musulmans comme des envahisseurs à combattre.
Christine Boutin, présidente d'honneur du PCD, en plein débat sur l'identité nationale en 2009, au moment du référendum contre les minarets en Suisse, avait d'ailleurs clairement exposé cette triste réalité par ces mots "les minarets symbolise la terre d'islam et la France n'est pas une terre d'islam". Le PRC, quand à lui, dans un rapport datant de 2015, expose "la dangerosité de l'idéologie islamique qui a vocation à imposer un parti unique, une religion d'État asservissant la femme ainsi qu'une vision juridique de la société (charia) contraire à nos lois républicaines.". Enfin, le président actuel du PCD, Jean-Frédéric Poisson, a déclaré au mois de juin 2016 "La France n'a pas vocation à devenir un pays musulman".
La peur de se voir envahir par les musulmans est devenu un thème cher repris même par le gouvernement pour masquer les problèmes de fond de notre pays. La vision des Démocrates Musulmans Français est basée sur la justice et la fraternité des peuples et nous ferons campagne avec nos valeurs universelles et avec toutes celles et ceux, chrétiens, juifs, athées ou agnostiques qui cherchent à retrouver un pays plus solidaire, égalitaire et fraternel car c'est cette France que nous aimons.
En effet, il s'agit là d'une stratégie de communication qui a déjà fait ses preuves par le passé. Prenons l'exemple des régionales de 2004 où pour éviter de parler des problèmes qui fragilisaient le gouvernement Raffarin, très critiqué à l'époque, Jacques Chirac avait lancé la commission Stasi qui a abouti sur une loi interdisant le port de signes ostentatoires à l'école.
C'était loin d'être la préoccupation des Français à l'époque mais au bout de quelques semaines tous les plateaux télé, tous les médias en ont parlé du matin au soir. Pour les régionales de 2010, la crise économique, le bouclier fiscal et les problèmes des Français ont été également masqués par le débat sur l'identité nationale et sur la loi qui s'en est suivi de l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics.
Pour les présidentielles de 2012, le gouvernement a encore voulu utiliser la même stratégie avec le débat sur l'Islam et la laïcité avec l'application d'une nouvelle loi interdisant les prières de rue pour les Musulmans.
Un pays qui interdit à toutes femmes ayant fait le choix de porter le foulard d'avoir accès à la connaissance est en contradiction avec nos fondamentaux.
Notre projet est donc une réponse politique pour recadrer les politiques sur ces dérives et stratégies très peu laïques. Faire changer les mentalités et la situation que connait la France, ne peut se faire sans la mobilisation de tous les citoyens qui se retrouvent dans nos valeurs et autour d'un vote massif.
Nous proposons donc à toutes celles et ceux qui veulent changer cette société en marge avec l'idéologie républicaine, de nous rejoindre pour faire respecter leur voix et leurs convictions.
Dans le débat médiatique, lancé par certains intellectuels et leaders politiques, on sous-entend que les français de confession musulmane ne sont pas compatibles avec la Démocratie.
Pourtant, le vivre-ensemble, la moralité, le respect profond envers les autres communautés, l'importance envers la famille, les personnes âgées, la solidarité, l'entraide, la charité et le combat contre l'injustice sont justement les valeurs qui nous animent. Elles sont un atout indéniable dans la société dans laquelle nous vivons car elles portent les fondements même de la Démocratie.
Mais c'est parce que nous sommes autant attachés au concept de démocratie que nous nous mobilisons aujourd'hui. Car nous ne partageons malheureusement pas la même vision de la chose avec les démocrates libéraux, socialistes ni même sociaux-démocrates.
Diviser, stigmatiser les citoyens entre eux, ne pas protéger les plus fragiles ni dénoncer les injustices et être asservi au monde de la finance, ce n'est pas en cela que nous croyons.
L'UDMF s'est formée récemment. Il nous faudra donc du temps pour nous faire entendre, pour nous faire comprendre et enfin pour convaincre. Le but étant de gagner progressivement les moments électoraux à venir en conquérant de nouveaux adhérents, des militants, des sympathisants, des quartiers, des villages, des villes, des sièges et des élus.
Les organisations que nous connaissons ont mis presque 10 ans pour se forger un nom et une identité. Avec ce qu'est devenu la politique il semble évident que cela sera encore plus long pour influencer et initier un changement de mentalités. Il y a donc des jalons importants à mettre en place pour y parvenir.
Il est vrai que pour une grande majorité de personnes il faut, pour exister, faire du bruit rapidement, s'associer avec des partenaires déjà reconnus et développer un arsenal logistique et médiatique s'appuyant sur tout un tas de nouvelles technologies.
Pour nous, développer une nouvelle approche de la société française doit s'accompagner avant tout par une vraie maturité du discours et des idées afin de les diffuser en profondeur auprès du citoyen.
Parce qu'à quoi bon faire du bruit si le son qui l'accompagne n'est pas audible ou compris du public ?
A quoi bon inonder les médias et réseaux sociaux d'images si elles ne servent pas à construire une pensée commune et durable, responsable et respectueuse de nos valeurs ?
Nous nous sommes engagés dans un combat que beaucoup prédisent comme perdu d'avance, puisque la pensée unique voudrait qu'un combat puisse n'être envisagé que sous la condition que la victoire et la facilité s'en trouvent à portée de main.
À l'UDMF nous partons d'un autre concept. La maîtrise de la défaite ou du succès n'est pas en notre pouvoir. Notre seule certitude est notre intention humaniste et sincère de changer le monde dans lequel nous vivons. Si l'Homme ne se dresse pas pour embrasser une juste cause dans son existence alors il risque fort de ne jamais se redresser.
C'est ainsi que se sont libérés des peuples et que les chaînes du désespoir se sont brisées.
Si la politique ne sait plus défendre la veuve et l'orphelin, condamner le blâmable et se battre contre l'injustice alors elle n'a plus aucun pouvoir.
Nous sommes conscients du contexte dans lequel nous sommes et nous savions que notre formation politique serait naturellement critiquée.
Nous avons d’abord été taxés d’illettrés un certain temps pour mieux coller au cliché de l’étranger analphabète en transit puis par l’islamiste en puissance pour marginaliser davantage notre mouvement.
Pourtant, ce que nous avons réalisé en un temps record, est exceptionnel.
Nous avons, en effet, profondément marqué de notre ADN le paysage politique français et son Histoire. Patiemment et sans faiblir, nous avons réuni plusieurs milliers de sympathisants aux travers de nos régions, participé à des élections locales, départementales, régionales, nationale et européennes très remarquées et remarquables, placé un projet phare pour la mémoire de notre Nation au cœur des débats et acquis nos tous premiers sièges et élus.
C’est donc un bilan extrêmement prometteur et encourageant que nous pouvons d’ores et déjà présenter et partager. Et malgré que l'UDMF est encore petit, il est en train de faire véritablement peur aux plus grands des partis qui cherchent à l'interdire, à défaut, à le censurer.
Pendant longtemps nous avons ignoré royalement les insultes et basses attaques politiciennes qui nous visaient directement, parce que notre agenda était déjà suffisamment chargé. Aujourd’hui, même si le travail est toujours en cours, le mouvement est mieux dimensionné, structuré et s’est enrichi de moyens dont il ne disposait pas encore hier.
Voilà pourquoi, nous avons décidé de mener depuis 2020 deux batailles importantes :
1- l'une électorale, dans les urnes de la République pour marquer nos territoires;
2- une autre, plus symbolique, sur le plan juridique, pour poursuivre systématiquement en justice tous ceux qui se permettraient de nous insulter et de colporter des mensonges à notre encontre. La République ne permet pas la diffamation et les procès en sorcellerie.
Dans cette droite ligne, nous avons récemment mandaté notre avocat, Me Chergui, afin de porter plainte contre Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, pour ses propos diffamants à notre encontre prononcés sur France 3, le 11 janvier 2020. Celui-ci s’était permis de dire : « ils (l’UDMF) pensent qu’il faut qu’il y ait des horaires différenciés dans les piscines… Ils pensent également que la femme n’est pas l’égale de l’homme dans de nombreux domaines” avant de conclure “Ça, je ne l’accepte pas” ».
Et bien cela, au sein de l’UDMF, nous ne l’accepterons plus ! Nous ne tolérerons plus d’être diffamés de la sorte par ceux qui sont censés incarner la République.
Nous sommes malheureusement abusés par de nombreux clichés qui prétendraient que d'un côté la femme musulmane serait prisonnière de l'homme, une femme "objet" et de l'autre, la femme occidentale qui serait, elle, une femme libérée et l'égale de l'homme.
La position de la femme en Islam est loin d'être celle largement diffusée dans les médias et qui contribue à propager l'amalgame entre pratique tribale et les fondements même de la religion musulmane.
L'Islam, contrairement à ce que l'on sous-entend aujourd'hui, est venu libérer la femme de la position dégradante dans laquelle elle se trouvait avant son avènement.
Étrangement, les premières attaques contre l'Islam, portaient déjà essentiellement sur la position de la femme. De nombreux droits lui avaient été octroyés comme ceux de demander librement la main d'un homme, de s'exprimer en public, de travailler et même, à l'inverse des autres religions monothéistes, de demander le divorce.
Pour tous ces droits, l'Islam avait été assimilé à une religion de femmes pour les femmes.
Aujourd'hui, l'Islam est toujours autant attaqué par rapport à la position de la femme mais dans un sens inversé; une religion d'hommes faite pour les hommes.
Et nous finirons par cette citation de Voltaire dans "Questions sur l'encyclopédie" pour illustrer ces propos:
" Ce fut principalement contre les Turcs devenus mahométans que nos moines écrivirent tant de livres, lorsqu'on ne pouvait guère répondre autrement aux conquérants de Constantinople. Nos auteurs, qui sont en beaucoup plus grand nombre que les janissaires, n'eurent pas beaucoup de peine à mettre nos femmes dans leur parti : ils leur persuadèrent que Mahomet ne les regardait pas comme des animaux intelligents ; qu'elles étaient toutes esclaves par les lois de l'Alcoran ; qu'elles ne possédaient aucun bien dans ce monde, et que dans l'autre elles n'avaient aucune part au paradis. Tout cela est d'une fausseté évidente ; et tout cela a été cru fermement. "