Quand ils se sont attaqués aux Musulmans, je n’ai rien dit…
Car si tout le monde s’inquiète de la dérive liberticide du gouvernement envers les associations, ponctuée par les attaques à l’encontre de la Ligue des droits de l’homme (LDH), c’est bien la communauté musulmane qui a servi de test, à travers la loi séparatisme.
Ironie du sort, c’est cette même loi qui est aujourd’hui invoquée pour restreindre les libertés d’action ou supprimer les subventions des associations n’allant pas dans le sens du gouvernement. Il faut pourtant se souvenir que la loi n’avait pas suscité la mobilisation et la condamnation qu’elle méritait, tout le monde ayant bien compris que c’était la communauté musulmane qui était visée. Un aveu de la bouche même de Gérald Darmanin affirmant que les autres confessions religieuses « n’ont rien à craindre de la loi ». La loi « sécurité globale » a par exemple suscité bien plus de mobilisation de la part des associations et des opposants. Or l’UDMF avait prévenu, dans un communiqué, dès l’examen du projet de loi par l’Assemblée en février 2021 : « En résumé, Française, Français, ce qui est En Marche depuis des mois dans notre pays à l’encontre des droits et des libertés des musulmans, sera également applicable et appliqué à l’ensemble des cultes, pour l’ensemble des associations et donc pour l’ensemble des français sans distinction. N’oublions pas que cette loi recycle également l’article 24 de la Loi Sécurité Globale en son article 18 pour la surveillance généralisée et qui fait de chaque citoyen, un suspect notoire avec le fichage des opinions.»
Une prémonition malheureusement devenue effective. Au point d’inquiéter jusqu’au défenseur des droits, Claire Hedon, qui s’alarme des « risques d’atteintes aux droits et libertés qui fragilisent la démocratie ». Dans un article très instructif, Mediapart donne la parole à huit associations qui s’inquiètent non seulement des menaces à l’encontre de la LDH mais également de leur propre sort et du chantage aux subventions exercé par le gouvernement. Ainsi, le MRAP s’inquiète « d’un début de chasse aux sorcières », le président d’Emmaüs dénonce une porte ouverte « à beaucoup d’autres dérives autoritaires », l’association écologiste Alternatiba constate une absence « de limites à l’arsenal répressif », le porte-parole de l’association Droit au logement s’alarme « d’une pression policière particulièrement forte depuis un an », l’Auberge des migrants se dit préoccupée par « un gouvernement aussi agressif à l’encontre de des opposants » et des « pressions sur les associations », le directeur de Greenpeace constate que « dès lors que l’on commence à contester, on sent bien que l’on n’est plus considérés comme citoyens », enfin le Comité pour la santé des exilé.es condamne un chantage aux subventions mettant en péril l’existence même de l’association et la signature d’un « contrat d’engagement républicain qui n’en a que le nom, puisqu’il nous est imposé par l’autre partie, l’État »
La nécessaire lutte contre l’islamophobie
Pourtant, cette politique expérimentale à l’encontre des musulmans ou des quartiers populaires n’est pas nouvelle. Ainsi, il a fallu que les violences policières frappent la « France périphérique » via les gilets jaunes ou récemment les manifestants contre la réforme des retraites pour que le sujet prenne une ampleur nationale. Pourtant, la problématique est à l’ordre du jour depuis des décennies dans les quartiers populaires, alors sans grande considération par l’opinion publique globale. « Les méthodes de répression de ce mouvement s‘inspirent de celles utilisées dans les quartiers populaires, qui constituent depuis des années des laboratoires de ces dispositifs » constate en effet Matthieu Bidan, l’un des trois réalisateurs du documentaire « Gilets jaunes : une répression d’Etat ».
Voilà pourquoi la lutte contre l’islamophobie est nécessaire. Voilà pourquoi l’UDMF en fait une priorité. Et voilà pourquoi elle ne doit pas être l’affaire des seuls musulmans. Car si lorsqu’ils s’attaquent aux musulmans vous ne dites rien, il ne restera personne pour protester quand ils viendront vous chercher.
Par Farid OMEIR, Président de l'UDMF