Posté le 28 mars 2023   |   Communiqué

La liberté d'expression : Symbole d'un traitement différencié des musulmans

Ce samedi, à Villeurbanne, Eric Zemmour est venu dédicacer son ouvrage dans un local mis à disposition par la mairie. L’évènement suscitant l'indignation, de nombreuses personnes ont annoncé leur intention de manifester, voire d’empêcher l’homme condamné pour « provocation à la discrimination raciale » et à la « haine religieuse » de tenir meeting.

Face aux menaces de trouble à l’ordre public, la mairie de Villeurbanne décide d’annuler l’évènement mais le tribunal administratif invalide l’arrêté municipal et Eric Zemmour peut finalement venir dédicacer son livre. La préfecture mettant même à disposition de nombreux policiers pour protéger l’évènement et maintenir à distance les centaines de manifestants.

Au fond, on pourrait estimer que la liberté d’expression ne devrait pas être à géométrie variable et que tout le monde devrait pouvoir s’exprimer.

Sauf que.... bien des évènements récents ont été censurés, y compris sous la pression des partisans… d’Eric Zemmour.

Jugez plutôt.

L’imam Ismaïl, de la mosquée des Bleuets à Marseille, s’est vu interdire de conférence successivement à Cabannes dans les Bouches-du-Rhône, à Échirolles en Isère, à Vauvert dans le Gard puis à Brétigny dans l’Essonne. Chaque fois, ce sont des arrêtés municipaux ou préfectoraux qui viennent restreindre la liberté d’expression, alors même que l’imam n’a jamais été condamné. Une atteinte à la liberté car l’imam prêcherait « une vision fondamentaliste et littéraliste de l’islam ». Un prêchi prêcha très subjectif qui ne justifie en rien une atteinte à une liberté fondamentale. Pire, certaines interdictions ont été justifiées par le trouble à l’ordre public que faisaient peser sur les évènements des militants d’extrême droite… dont des membres du parti d’Eric Zemmour. Les mêmes qui s’indignent de ces méthodes quand elles sont utilisées contre le polémiste.

On imagine pourtant la réaction de l’Etat si un imam avait tenu les propos de Zemmour sur les juifs « qui ont pris trop de pouvoir dans l’économie et les médias », ou les femmes qui sont « le but et le butin de tout homme doué ».

Autre exemple, l’interdiction d’une table ronde organisée à Lyon en présence de l’avocat et militant pro-palestinien Salah Hamouri. Ici, c’est Gerald Darmanin en personne qui a fait pression sur la mairie de Lyon la contraignant à annuler l’évènement. Une fois n’est pas coutume, c’est ensuite la préfecture de Meurthe-et-Moselle qui interdit à Salah Hamouri la participation à une conférence – finalement retoquée par le tribunal administratif.

On voit donc, exemples à l’appui, que la liberté d’expression est devenue un instrument à géométrie variable. Et on comprend mieux pourquoi l’injonction à « être Charlie » était tant contestée dans les quartiers populaires et au sein de la communauté musulmane, car beaucoup ont compris que la liberté d’expression devenait sacrée, à condition qu’elle soit dirigée contre la religion musulmane, ses symboles ou ses adeptes.

Farid OMEIR, Président de l'Union des Démocrates Musulmans Français