APPEL AU CALME ?
Le 27 juin dernier, le jeune Nahel a perdu la vie, abattu par la police lors d’un contrôle routier à Nanterre. Une vie perdue trop tôt et qui s’ajoute à la liste de tous ceux qui sont tombés sous le feu des forces de l’ordre au nom d’un racisme qui ne dit pas clairement son nom.
Nous tenons à adresser nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches, et nous leur exprimons toute notre solidarité dans cette période de deuil et de douleur insurmontable.
Les images terribles qui ont immortalisé ce drame ont suscité une vague d’indignations, de colères et de violences à travers le pays et il est compréhensible que la colère s'exprime dans de tels moments, car elle est une réaction spontanée au désespoir face à l'injustice.
Cet embrasement nous rappelle tristement les événements de 2005, où de nombreux quartiers populaires avaient également été le théâtre de violences et de destructions suite à la mort de Zyed et Bouna électrocutés dans un transformateur EDF en voulant échapper à la police.
S’il est clair que la violence et les dégradations ne permettent pas d’apporter des réponses efficaces aux problèmes qui gangrènent les forces de l’ordre et qu’elles sont instrumentalisées par des politiques pour détourner les véritables enjeux, il faut veiller à ne pas oublier les évènements tragiques qui ont conduit à la mort de Nahel.
Bien entendu, il est de notre devoir d’en appeler au calme et à la non-violence, puisque cette violence ne fait que renforcer les stéréotypes négatifs et les discours stigmatisants à l’encontre des habitants des quartiers populaires, mais, pour que ces appels puissent être audibles, des pré requis sont néanmoins nécessaire.
En effet, beaucoup ne se satisferont plus de petits sparadraps ou de mesurettes pour éviter d’œuvrer véritablement contre ce fléau qui s’attaque régulièrement à nos enfants.
Nous ne pouvons rester sourds aux appels de détresses de ces familles endeuillées qui réclament justice et réparations. Des actes sont aujourd’hui attendus, ce qui permettra de désamorcer la colère des quartiers endeuillés.
Il est impératif que le gouvernement prenne des mesures concrètes en commençant par : l'abrogation de la loi L435-1, une législation qui conduit fréquemment à des tragédies similaires. La réforme globale de l'Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) afin de garantir son indépendance dans le contrôle des forces de l'ordre et la démission du ministre de l'Intérieur.
Oui, un appel au calme ne se limite pas uniquement à la violence des quartiers populaires mais également à celle du gouvernement qui nie les discriminations raciales des forces de l'ordre, impose des réformes qui exacerbent les inégalités sociales et qui saccage l’indépendance de structures associatives.
La conjugaison de la lutte contre ces violences est essentielle pour la construction d'une société juste et équitable.
Face au chaos et au désordre, nous pouvons œuvrer ensemble pour un changement durable, basé sur la justice, le respect des droits de l'homme et l'égalité pour tous.
Telle est la meilleure façon de rendre hommage à la mémoire de Nahel, paix à son âme.