Le "Séparatisme", l'art de discriminer les musulmans sans les citer

Communiqué de presse

Posté le 01 fevrier 2021   |   Communiqué

Le "Séparatisme", l'art de discriminer les musulmans sans les citer

L’Assemblée nationale vient d’entamer ce lundi 1er février, l’examen du projet de loi séparatisme, rebaptisée « loi confortant le respect des principes de la république » dont l’objectif serait de lutter contre l’islamisme radical.

Si, lors de son allocution aux Mureaux, le chef de l’Etat avait également annoncé dans son plan des mesures pour renforcer l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations, cette partie ne figure étrangement, nulle part dans le texte.

Derrière ce projet particulièrement flou, se cache en réalité un véritable jeu d’équilibriste porté par l’Exécutif pour cibler et mettre sous tutelle le culte et les associations musulmanes sans que cela puisse être perçu comme une nouvelle loi d’exception et une énième atteinte à l’Etat de droit.

La preuve en a été donnée avec la charte voulue, dictée et décidée par le Président et qu’a dû valider le Conseil Français du Culte Musulman afin de labelliser ses imams à la sauce républicaine. Un joli trophée digne de l’Empire coloniale en somme.

La stratégie et sa cible avait été données dès la fin de cet été avec des annonces parfaitement claires : ce projet ne devait concerner que les musulmans qui pourraient s’avérer être des extrémistes en puissance. Telles furent les explications données par Marlène Schiappa en août dernier, à la matinale de France Info concernant cette notion de « séparatisme ». Le séparatisme, dixit la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, ne désigne en aucun cas les indépendantistes Corses, ni basques mais bien … exclusivement les islamistes.

Même son de cloche du côté de Gérald alias Moussa Darmanin, début octobre pour tenter de rassurer les autres cultes. Dans un entretien accordé à La Croix, le ministre de l’intérieur avait tenté de réconforter la communauté catholique en lui expliquant que ni le culte catholique, ni ses associations ne seraient concernées par ce projet de loi (croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer) : « Les associations de jeunesse, comme les scouts, ou d’autres comme le Secours catholique ne sont pas concernées ».

Les organisations musulmanes ont vécu, quant à eux, des longs mois d’acharnements de la part de l’ensemble des services de l’Etat et pour des raisons qui n’ont clairement rien à voir avec la radicalisation ou la lutte contre le terrorisme. 18 000 opérations de contrôles ont été télécommandées dans le but de : fermer, pénaliser, bloquer ou gêner le plus grands nombre d’entre eux. C’est effectivement ce qu’a révélé Médiapart dans son article « Séparatisme : les autorités tentent d’embrigader l’inspection du travail » en y dénonçant les directives données pour cibler expressément la communauté musulmane avec tous les artifices juridiques possibles « kebabs, barbiers musulmans et autres … ».

On a pu voir, récemment, des établissements, des mosquées, des ONG et des collectifs dissous ces dernières semaines pour des raisons totalement contraire à la lutte contre le terrorisme.

En résumé, Française, Français, ce qui est En Marche depuis des mois dans notre pays à l’encontre des droits et des libertés des musulmans, sera également applicable et appliqué à l’ensemble des cultes, pour l’ensemble des associations et donc pour l’ensemble des français sans distinction. N’oublions pas que cette loi recycle également l’article 24 de la Loi Sécurité Globale en son article 18 pour la surveillance généralisée et qui fait de chaque citoyen, un suspect notoire avec le fichage des opinions.

Dans l’état d’urgence que traverse notre pays, il est urgent de se rappeler des mots du pasteur Martin Niemöller et qui peuvent être utilisés dans des contextes différents de ceux de son origine : "Quand [ILS] sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester."