Certes, il y a eu lors des présidences de Chirac, de Hollande et de Macron de timides hommages à ces victimes, mais sans jamais oser désigner les responsables de leur mort.
À chaque fois, le discours semble osciller entre une reconnaissance du fait et un déni de sa dimension systémique, un refus de regarder en face l'État policier de l'époque et la répression violente qui a coûté la vie à des centaines de manifestants algériens.
Pourtant, ces vies brisées sous les coups de la police, noyées dans la Seine, sont une partie de notre histoire, aussi noire et honteuse soit-elle.
La France a pourtant reconnu, et à juste titre, la rafle du Vel d'Hiv en 1942, en désignant clairement la responsabilité de l'État français dans la déportation de milliers de juifs vers les camps de la mort.
Cette reconnaissance a été un moment de vérité, un face-à-face nécessaire avec les heures sombres de notre passé. Mais pourquoi ce même courage historique est-il si difficile à mobiliser quand il s'agit du 17 octobre 1961 ?
Peut-être parce que le massacre du 17 octobre touche encore à des tensions profondes, celles d'une guerre coloniale que la France n'a jamais complètement digérée et dont elle nie encore les atrocités qu’elle a engendrées.
La reconnaissance de cette violence d'État envers les manifestants algériens, qui protestaient alors pacifiquement contre un couvre-feu discriminatoire, implique de reconnaître la persistance d'un racisme structurel envers les descendants de l'Algérie, une douleur encore vive dans la mémoire collective des familles concernées.
Admettre ce massacre, c’est aussi admettre qu’après les indépendances, la France n’a pas su construire un rapport apaisé avec ses anciennes colonies et leurs descendants, et qu’elle continue de nier les souffrances infligées à ces populations.