L'ÉDITO DU NUMÉRO 8

Édito du hors-série numéro 8 (diffusé le 10 août 2024)
DU PAIN, DES JEUX ET DE LA BEUH

Dans l’Empire Romain, le poète Junius Juvenalis DECIMUS disait que pour gouverner, il fallait donner au peuple "du pain et des Jeux". Une façon subtile d’acheter la paix sociale afin d’endormir la plèbe et d’éviter conflits et soulèvements.

En invitant Snoop DOGG à l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris et en faisant de lui la mascotte officieuse de ces Jeux, la France a donc enrichi cet adage par l’introduction de la beuh.

Sûrement une façon de noyer dans un nuage toxique les contestations sociales et leurs échos à l’international.

Il faut dire que dans le monde moderne, les divertissements sportifs ont remplacé les fosses aux lions mais servent toujours à duper le mécontentement de la populace.

Un puissant outil de soft power exploité à outrance depuis presque un siècle par les États totalitaires.

En 1936, les Jeux olympiques de Berlin furent une belle vitrine pour la propagande nazie. Ils offrirent au IIIe Reich l’image trompeuse d’une nation pacifique et tolérante en masquant son racisme d’État.


Il en sera de même avec les Jeux Olympiques de 1980 et la Coupe de football de 2021 à Moscou ou, en 2020, avec les Jeux d’hiver de Pékin qui servirent à détourner l’attention du public sur le génocide de la population musulmane Ouïghour en Chine.

Si cette année, et pour la troisième fois de son histoire, la France a décidé de rejoindre cette grande parade de l’hypocrisie, c’est évidemment pour redorer un peu mieux son image.

Après les affaires de racisme systémique, de violences policières, de répression, de dissolutions en masse des organisations musulmanes et de la montée effrénée du fascisme politique, notre pays avait grandement besoin de s’offrir une nouvelle vitrine à l’international.

Pour y arriver, le gouvernement français a donc dépensé sans compter (avec l’argent du contribuable) pour mettre en place une véritable campagne de maquillage diplomatique digne des régimes les plus autoritaires au monde.

Et comme le sport est devenu « l’opium du peuple », on n'a rien trouvé de mieux que les jeux pour polir les dorures perdues d’une Nation qui se voulait être, un temps, la patrie des droits de l’Homme.

Pari audacieux assurément, surtout lorsque l’on sait que les jeux sont censés être synonymes de tolérance, de paix et la célébration de la diversité.

Autant de valeurs qui ont déserté le pays depuis plusieurs décennies.

Alors que la Charte olympique interdit expressément « toute forme de discrimination » et que les restrictions imposées aux athlètes féminines portant le foulard ont été annulées dans le sport mondial à partir de 2014, l’organisation de ce type d’évènement était plutôt risquée pour les autorités Françaises.

Elles qui mirent en place des restrictions de plus en plus fortes à l’encontre des athlètes portant le hijab et cela délibérément à tous les niveaux du sport tricolore.

Dans cette grande incohérence, la France ne faiblit pas dans son arrogance, puisqu’elle entend bien montrer, avec ces jeux, que ce sont les autres pays qui ont tort et qu’elle est la seule à avoir raison de discriminer ainsi les femmes musulmanes qui ont fait le choix de porter le Foulard.

Et il en va de même avec sa conception de la paix. Car en autorisant Israël à participer à ces jeux, elle contribue à légitimer la spoliation des territoires palestiniens par l’entité sioniste et nie sciemment le génocide en cours à Gaza.

Il n’est pas sûr que les paillettes ni la beuh ne fassent oublier toutes ces supercheries.

En attendant, très chers lecteurs du Foulard Déchaîné, nous vous souhaitons une très agréable lecture avec ce nouveau hors-série spécial JO.